« La Théorie U, renouveler le leadership », d’Otto Scharmer. Voilà une lecture revigorante quand on s’intéresse à la transformation digitale des organisations.
Ceux qui ont « fait » le Digital dans les premières années se sont évertués et parfois épuisés à faire des choses nouvelles (de la communication digitale, des apps, du Social…) à côté du monde « non Digital ». On pensait que c’était ça, l’innovation. On a mis longtemps à comprendre que, comme l’écrit Peter Senge dans la préface de La Théorie U:
« La véritable innovation consiste à faire autrement les choses, et non pas seulement à produire de nouvelles idées. »
Et c’est justement une démarche différente et originale que présente Otto Scharmer dans son livre, en y développant la notion de fonctionnement à partir du futur émergent, ou « presencing ».
« Le presencing, un mélange de perception et de présence, consiste à se connecter à la source de nos meilleures potentialités futures pour les amener dans l’ici-maintenant. »
Les similitudes avec la démarche appreciative sur laquelle nous nous appuyons chez adblooming, et qui consiste à révéler et partager les succès individuels pour faire émerger les conditions d’un avenir collectif positif et durable, sont réelles.
L’image qu’utilise l’auteur est celle de la création artistique.
« Nous pouvons procéder à une triple observation de la création artistique. Premièrement, on peut examiner l’objet, le travail lui-même, le tableau achevé. Puis, on peut observer le processus, l’artiste à l’oeuvre, les coups de pinceaux matérialisant l’oeuvre d’art. Enfin, on peut regarder l’artiste devant la toile vierge. (…). Qu’est-ce qui incite l’artiste à donner le premier coup de pinceau? »
L’auteur insiste aussi sur le rôle des émotions et des sentiments comme capteurs, qui nous permettent de percevoir le monde. Et de faire le rapprochement avec l’expérience client:
« Il ne s’agit pas d’étudier le client, ni de créer un dialogue avec lui. Il s’agit de devenir, d’être le client ou le patient. »
La Théorie U, ce sont donc 5 mouvements au service de l’innovation et du changement:
- co-initier: écouter l’autre et ce que la vie vous appelle à faire;
- co-percevoir: se rendre sur les lieux du plus haut potentiel et écouter, esprit et coeur grands ouverts;
- co-presencing: s’intérioriser et réfléchir, laisser émerger la connaissance intérieure;
- co-créer: prototyper un microcosme du nouveau afin d’explorer le futur par l’action;
- co-évaluer: cultiver des écosystèmes d’innovation en voyant et en agissant à partir du tout émergent.
Une démarche précieuse dans le cadre de la transformation digitale et du développement de l’expérience client.
Très intéressant, il faut absolument lire ce livre d’après votre article. On peut mettre en place des stratégies sur la transformation digitale d’une entreprise à partir de ces 5 concepts. Il faut du temps cela va de soi.
Etes-vous donc d’accord que les stratégies de transformation digitale proposées aux entreprises et leurs dirigeants ne sont pas obligatoires ou peuvent même ne pas être une ligne directrice? Si je me réfère bien à ce qui est dit dans l’article: « La véritable innovation consiste à faire autrement les choses, et non pas seulement à produire de nouvelles idées. ». Si la nouvelle idée est la transformation digitale, faire autrement que ce que font les autres est l’innovation. ça reste à débattre mais c’est une bonne idée je trouve.